Les mots ont une texture...
- Marie ALLARD-MEEUS
- 16 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 avr.
Résumé :
Une invitation à ressentir la matière du langage et à choisir ses mots comme on choisit un vêtement : avec soin, nuance et présence. Une réflexion sensorielle qui relie communication et lien humain.
Les mots ne sont pas que des sons ou des idées.
Ils ont une matière, une température, parfois même une odeur. Ils se ressentent...

Certains glissent, d’autres frottent, caressent ou griffent. Comme un vêtement qu’on enfile, ils habillent nos liens — avec douceur ou raideur.
Tous les mots ne laissent pas la même empreinte. D’où l’expression d'ailleurs : “Choisis bien tes mots…”
Ils ne sont pas ces blocs bien rangés dans notre tête, prêts à s’assembler au bon moment. Ils vivent. Ils vibrent. Et parfois… ils blessent sans faire de bruit.
Certains sont doux et moelleux. Ils enveloppent, réchauffent.
D’autres sont rugueux, bruts et laissent une trace sur la peau.
D’autres encore sont lisses et insaisissables, ils filent entre les doigts et disparaissent aussitôt.
Un mot doux : "Je suis là." → Comme une couverture qu’on pose sur les épaules.
Un mot brut : "Ça n’a aucun sens." → Comme une porte qui claque au nez.
Un mot glissant : "Fais comme tu veux." → Comme un savon mouillé : on croit tenir une réponse, mais elle nous échappe. Elle ne dit ni oui, ni non, elle ne guide pas, elle laisse l’autre seul avec l’incertitude.
On oublie trop souvent que la communication n'est pas qu’un outil...
C’est un lien. Un mouvement vivant entre deux mondes intérieurs. Et ce lien, on le façonne avec des mots choisis, des silences respectés, des gestes habités.
Un “ça va ?” sincère n’a rien à voir avec un “ça va ?” qui regarde sa montre.
Un “merci” qui vient du cœur se reconnaît, même à l’écrit.
Et parfois, c’est un mot qui manque qui en dit le plus.
🌬 Et si on apprenait à ressentir ou toucher nos mots, avant de les dire comme on choisit un vêtement avant de sortir ?
Une graine est semée… Et pourquoi pas… apprendre à parler comme on caresse une idée ?
💡 Expérience douce :
Fermez les yeux.Imaginez que vous tenez un mot dans vos mains.
Pas un mot écrit, ni abstrait. Un mot vivant. Que ressentez-vous ?
Rugueux ? Tiède ? Coulant ? Cassant ?Chargé ? Poreux ? Fluide ? Oppressant ?
👉 Le langage est aussi une matière. Et parfois, il faut l’adoucir, l’arrondir, l’ajuster comme on ponce un coin de table pour ne pas s’y cogner....
🌿 Pour aller plus loin…
Mieux choisir la texture de ses mots : si chaque mot a un impact, comment :
adoucir une phrase sans l’affadir ?
être ferme sans être coupant ?
être léger sans devenir insaisissable ?
Voici 3 pistes simples :
✔ Ajoutez une nuance : « Je ne suis pas d’accord. » devient « Je comprends ton point de vue, et je pense autrement. »
✔ Écoutez avant de parler : Observez le ton, la posture, les micro-signaux avant de répondre.
✔ Demandez-vous : Mon mot va-t-il être reçu comme un coussin… ou comme une lame ?
🎙 Ce qui se joue au-delà du sens
On pense que les mots véhiculent des idées. Mais ils transportent aussi une énergie, une sensation.
Prenons par exemple la phrase « Je vais bien » :
Je vais bien. (posé, sincère)
Je vais BIEN. (sec, défensif)
Je… vais bien. (hésitant, fragile)
📌 Même phrase. Trois textures. Trois mondes.
💡 Exercice : Prenez une phrase du quotidien et prononcez-la de trois manières différentes. Ressentez-vous un changement ?
👉 Le choix des mots compte… Mais leur texture encore plus :) !
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